26 juillet 2002

yann et denis bodart, mai 68

[cette critique est parue originellement sur le site bdparadisio]

Je ne suis pas toujours très chaud aux scénarios de Yann, même si j'apprécie son talent insolent et son humour plus noir que noir. Mais voilà bien un livre qui m'a attiré dès que j'ai sû qu'il existait (merci BDParadisio...) D'abord, fait cocasse, je n'ai même pas trouvé la réédition Vents d'Ouest (toujours pas arrivée à Montréal?) mais l'édition originale Glénat était, surprise, toujours disponible à peu de frais chez mon libraire favori.

Si le graphisme de Bodard n'invente rien (on n'est vraiment pas très loin de Conrad ou Tome & Janry...) son trait vif sied mieux que bien au scénario à cent milles à l'heure du Le Pennetier. Mai 68 est d'abord une satire politique aux nombreux tons de gris, jamais tout-à-fait d'un côté ni de l'autre, et empruntant moult personnages z'importants à l'Histoire, De Gaulle, Cohn-Bendit, Pompidou et Malraux en tête (voire même Sartre avec une poubelle sur le crâne.) C'est aussi un récit d'aventures aux nombreux, très nombreux rebondissements, de la trempe des meilleurs BD d'aventures franco-belges. Pour un peu, on se croirait dans un Spirou et Fantasio perdu dans Charlie Hebdo (ben, Luz pourrait bien dessiner ça non?)

Mai 68 est également notable parce qu'il montre la fin du siège des étudiants, la contre-attaque des bourgeois, et la débandade désillusionnée qui s'ensuit (et attention si vous êtes allergiques aux finales cyniques!) Ah oui, et il y a ce personnage, Célestin Spéculoos, qui pourrait quasiment ne pas exister et ça ne changerait presque rien à l'histoire (moi j'aurais appelé ça "les aventures de Maïté", mais bon...) J'en saurai sans doute plus dans le tome 1 (Les affreux) s'il arrive à Montréal un jour.