02 novembre 2002

matti hagelberg, holmenkollen

[cette critique est parue originellement sur le site bdparadisio]

Même si j'ai un a priori positif pour la BD scandinave en général (Andersson, Lundkvist, Pirinen...) je dois avouer que je n'étais pas particulièrement attiré par l'univers du finlandais Matti Hagelberg, qui me semblait davantage graphique que scénaristique... Mais une fois feuilleté, l'album me semblait déjà plus attirant, avec ses histoires absurdes et beaucoup moins lisses qu'elles n'y paraissent...

En fait d'histoires, il n'y a pas grand chose; Matti Hagelberg est son propre personnage, et il chasse l'ennui à coups d'observations esthétiques et de commentaires déroutants sur Dieu et un peu tout le reste. On a droit à quelques gags absurdes vraiment rigolos (genre ce strip narratif en trois cases: "La trompette du jugement dernier jouera une sonnerie d'essai à 13 heures... / Que personne ne s'inquiète: il s'agit d'un exercice... / Malgré les avertissements, quelques morts sortent de leur tombe...") Mais on trouve aussi des moments beaucoup plus graves, comme ce récit troublant de Matti Naufragé, solitaire dans la foule, ou La fumée du Sinaï, qui n'a rien de politique, malgré ce que son titre pourrait laisser croire, mais qui s'avère être une histoire d'amour brisé triste à pleurer.

Comme dans beaucoup de BD scandinave, l'ennui (thème fondateur entre tous!) est transcendé (si on peut dire) dans l'humour des situations et le futile des conversations qu'on mène tout de même pour se sentir vivre. Il reste que c'est de la BD quelque peu difficile d'approche, mais très intense si vous prenez la peine. Une bonne surprise pour moi, en tous cas, qui vaut amplement le prix d'achat...