26 septembre 2004

william shakespeare et daniel casanave, macbeth

[cette critique est parue originellement sur le site bdparadisio]

Adapter Shakespeare est toujours un pari. Les histoires sont bien peu linéaires, les personnages complexes et, surtout, il y a ce texte, immense et terriblement beau. Il est difficile d'être à la hauteur. Casanave réussit en restant fidèle au texte original (ou plus exactement à la traduction de François-Victor Hugo) et en restituant bien l'atmosphère glauque de cette pièce classique qu'est Macbeth. C'est donc vraiment Shakespeare qui est le "scénariste" de cette BD.

Le dessin de Casanave est nerveux et enlevé, rappellant Hart ou Bretecher (!) en moins caricatural. Casanave fait de son adaptation une sorte de "théâtre amélioré" où combats, décors extérieurs et changements de plans peuvent être montrés de façon réaliste et sans l'apport de moyens techniques compliqués. Un "théâtre de papier" donc qui, s'il est presque toujours ingénieux, n'est pas entièrement concluant. Le monologue de Lady Macbeth, ici littéralement submergée par son texte, n'est pas des plus réussi, et on aurait aimé que la fin soit moins rapidement expédiée. Surtout que la première moitié du livre présente un rythme agréablement lent, épousant bien l'atmosphère d'une vieille Écosse rude, sombre et ensorcelée. Au final, une adaptation bienvenue d'un texte majeur du plus grand poète anglais.