pas d'éloges pour les crétins
ces temps-ci, je lis sur l'histoire du moyen-âge. au départ c'était pour me documenter pour un projet (dont je ne parlerai pas ici) mais à ce point-ci, je lis par simple intérêt général. ces lectures me font sentir toutes les lacunes de mon éducation. bien sûr, nos cours d'histoire sont plutôt orientés sur "notre" histoire, c'est-à-dire celle du québec, celle du canada, voire celle de l'amérique. bien sûr, les livres que je lis aujourd'hui se concentrent quasi exclusivement sur l'histoire européenne... en bref, on lit l'histoire d'une civilisation dont les voisins sont trop éloignés pour qu'on en sache trop grand chose. évidemment, le monde a changé de ce point de vue: il s'est virtuellement rétréci et nous n'avons plus la moindre excuse d'ignorer ce qui se passe ailleurs. (et un lieu commun, un.)
le plus frappant est la résonnance que cette histoire a encore de nos jours. j'avais à peine terminé l'éloge de la folie d'érasme (très bon texte d'ailleurs) que voilà que j'y trouvais des références çà et là dans des publications récentes. érasme me plaît bien. hollandais à une époque où cela signifiait avoir la liberté de croyance, il paraît tout surpris de choquer les bien pensants avec sa moria. bien sûr, érasme est trop intelligent pour qu'on croie à sa naïveté, mais sa candeur fait sourire.
l'éloge est de ces textes qui se critiquent eux-mêmes, donc inutile d'en faire la critique. en langage informatique, on appelle cela des honeynets. en français, des pièges à cons. attaquer l'éloge de la folie, c'est se découvrir soi-même comme crétin.
j'aime beaucoup le mot "crétin" (je vous laisse en découvrir vous-même l'étymologie). il répond à un besoin qui me taraude depuis quelques temps déjà, celui de trouver une insulte véritablement redoutable. "imbécile" n'est franchement pas assez percutant. "con" se dit de tout et n'importe quoi, et surtout du plus trivial. "stupide" ne dit rien d'autre que l'incompétence et l'ignorance. "cave" ne s'applique qu'aux chauffards et aux sympathisants d'extrême-droite. "idiot" est en soi une circonstance atténuante. "fou" est également à éliminer, par respect pour les fous (littéraires ou autres).
en revanche, le crétin est celui devant lequel on roule les yeux vers le haut en faisant la grimace: sans nier que le crétin puisse posséder une certaine intelligence, on l'évitera par prudence. par exemple, un esprit éclairé votera toujours pour un imbécile plutôt que pour un crétin. en amitié, il favorisera bien sûr les fous, les idiots et, à la rigueur, les cons lorsqu'ils sont de compagnie agréable. les gens intelligents sont toujours un peu des trois.
que dit le crétin? il faut d'abord voir ce qu'il ne dit pas:
Ce dont on ne peut parler, il faut le taire.
- wittgenstein
soit dit en passant, n'est-il pas merveilleux que l'on puisse exprimer en dix mots une pensée aux conséquences aussi vastes pour l'humanité entière?
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