17 novembre 2005

une fois la nouvelle vague passée, qu'est-ce qu'on fait?

le blogue étant un endroit approprié (semble-t-il) pour les confessions, alors autant l'avouer tout de go: il y a deux semaines, j'ai revendu six albums de sfar, tous à l'état quasi neuf et pour l'équivalent une bouchée de pain chacun (un petit sandwich, à la rigueur). ce qui n'est pas un désaveu de l'auteur (je possède encore au moins une dixaine d'albums à son nom, tous très bons, sans compter la collection complète de donjon...). seulement, je trouvais qu'il prenait beaucoup de place dans ma petite bibliothèque. je voulais faire de la place.

or, la place étant faite, il fallait bien la remplir (d'ailleurs, ça n'a pas pris de temps). mais avec quoi? bien sûr, il y a les classiques: les nouveaux krazy & ignatz et complete peanuts, en l'occurence. mais quid du sang neuf, pour qui aime le solide?

soyons polémique: disons qu'il n'y a pas eu grand chose de neuf chez les vedettes de la nouvelle BD ces derniers temps... blain fait du blain, blutch fait du blutch, david b fait du david b, sfar fait du sfar. et trondheim, il est directeur de collection chez delcourt. ce qui est très bien: l'oeuvre de ces auteurs parle pour elle-même, pas besoin de justification. cependant, le lecteur égoïste, toujours à l'affut d'un bon coup de brique (dans le sens de livre), s'ennuie un peu et regarde ailleurs...

sauf que, et là je parle en lecteur et non pas en diplomate, une grande partie de ce qui sort sous les divers "labels" "nouvelle BD" ces derniers temps est, euhm, soyons gentils, d'intérêt disons, limité? je ne nommerai pas de noms, seulement les collections où ces oeuvres paraîssent en majorité, soit: poisson pilote (post-guy vidal) et surtout expresso. comment dire? un lecteur exigeant se fiche que quelque chose soit "tendance", ce qu'il veut, c'est un choc. isaac le pirate produit ce choc. professeur bell aussi. tout blutch, c'est un choc.

mais voilà, des chocs, ça ne se produit pas quand le livre est mou! il faut être dérangé par la lecture, retourné, même si c'est fait de façon amicale, consensuelle... forest, c'est doux, mais ce n'est pas mou! (non, ce n'est pas une question de couverture...)

il y a des exceptions. je parlais récemment du prestige de l'uniforme de loo hui phang et hugues micol (pas du tout à sa place dans la collection expresso), ainsi que de l'aventure des opposants de boris bukulin (à l'association, ce qui n'est pas surprenant), deux excellent livres, à la fois rudes, évocateurs et mystérieux.

et puis, heureusement, il y a david vandermeulen.

d'accord, le premier tome de fritz haber n'est pas un livre parfait, peut-être parce qu'un peu "expérimental", mais il n'en est que plus intéressant pour cette raison. précision technique: ce livre est entièrement "peint" en tons de sépia pour ressembler à un film muet des années 1930. les dialogues sont d'ailleurs indiqués en sous-titres et en intertitres. mais, non seulement cette technique peu orthodoxe passe très bien, elle permet en plus de bien traiter la distance historique, courte (1930, c'était hier) et en même temps pas tellement (ça fait quand même 70 ans tout ça!) comme de feuilleter un vieil album de photos un peu floues, d'un temps où la photographie existait mais pas tout-à-fait...

vandermeulen fouille la politique de l'époque plutôt que les réactions émotionnelles de ses protagonistes (on lui en est gré): il parle de l'allemagne des années 1930, et plus particulièrement de la montée du nazisme et du sionisme: deux nationalismes qui, on le verra, se nourriront l'un l'autre d'une manière bien perverse...

fritz haber, dont cette oeuvre est la biographie, est un scientifique génial, qui sera toute sa vie tiraillé entre ses origines juives et sa nationalité allemande. autant il s'évertuera à s'extirper de ses origines pour plaîre à ses maîtres allemands, qui lui fermeront pourtant leurs portes à maintes reprises, autant il sera souvent tenté, un peu par dépit, par la solution sioniste.

le grand mérite de vandermeulen est de démontrer, sans douteux schéma machiavélique, comment ce tiraillement peut s'expliquer de manière narrative. c'est une question difficile que l'auteur aprofondit dans une entrevue récente.

je n'ai pas envie de m'épandre sur les quelques défauts de ce premier tome (des dialogues un peu mécaniques, des citations un peu systématiques) car ils n'en forment pas le corps. voilà d'abord et avant tout un livre qui nous pose des questions -- il faudra le relire et le laisser mijoter. pour l'instant, on aurait surtout envie de le comparer au louis riel de chester brown, une autre biographie peu orthodoxe sur un personnage controversé. les deux livres ont beaucoup de qualités en commun, je ne dis que ça.

à part ça, j'ai beaucoup aimé le nouveau tardi, le petit bleu de la côte ouest, qui est une adaptation du roman du même nom par jean-patrick manchette. disons-le, c'est du noir, du polar véritable, et tardi n'avait pas été aussi bon dans cette veine depuis les meilleurs nestor burma. bien sûr, il y a plus de souffle dans 120, rue de la gare mais qu'importe.

le petit bleu est vicieusement moderne. manchette est sans pitié pour la belle morale bourgeoise. son paysage est fait de marques (de voiture et de pistolet), de musiciens de jazz et de bande dessinée bon marché (la fille du héros lit la mauvaise tête; un des méchants est amateur de comics de super-héros). on mettra le feu à une station-service, dans une scène aussi violente que mémorable. et la sagesse (toute temporaire) y prendra la forme d'un vieil anarchiste coupé du monde.

quant au héros, c'est un... cadre. un cadre ordinaire, qui se retrouve mêlé à une affaire qui ne le regarde pas. et qui refuse de crever (à son grand étonnement d'ailleurs).

je parlais de morale. ce qui est remarquable dans cette histoire (et tardi le rend très bien) c'est qu'elle n'offre pas de "morale de rechange". on n'essaie pas d'embobiner le lecteur, de lui faire croire que la quête du héros est juste et que l'on doit s'identifier à cette quête (i.e. cette croisade). non, au contraire, notre héros surnage, il ne fait qu'essayer de sauver sa peau, et c'est à un réflexe de survie très brut que l'on s'accroche comme lecteur. rien d'exaltant là-dedans. (rien non plus d'étonnant de la part de l'auteur de la guerre des tranchées et du cri du peuple.)

soit dit en passant, j'ai retrouvé de cet esprit dans le récent film de jacques audiard, de battre mon coeur s'est arrêté. excellent film d'ailleurs, qui réussit lui-aussi à montrer la violence et l'exploitation sans l'exalter, réservant la grâce à celui des personnages qui, au bout du compte, la rejette (mais à quel prix?) au fait, suis-je le seul à trouver que romain duris a une gueule à la nestor burma dans ce film?

ah là là, mais tardi est un "vieux", ça ne règle pas notre problème de ce qui vient après la vague... bon, à tout le moins il y a encore deux tomes du vandermeulen à venir. et il y a number 5 (encore 2 tomes...) et un nouveau giard (le pont du havre) pour bientôt. et puis un nouveau daniel clowes (ice haven). et puis il y a, peut-être un jour, la suite de la grippe coloniale d'appollo et serge huo-chao-si. après, on verra.

7 commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit:

Echanges de bons procédés linguistiques franco-canadiens ! ;o)
La locution est "savoir gré" pas "être gré" ainsi tu peux reformuler ce passage dans ton intervention sur ce Fritz Haber que je n'ai toujours pas eu le temps de lire.
Voilà !
Sinon, oui, amateur de bonnes choses qui surprennent, ou lecteur de livres intéressants, tu peux essayer Morgan Navarro, David de Thuin, BigBen...
Y'a de quoi passer de chouettes moments avec des auteurs qui ont des réflexions et des visions vraiment intelligentes...
Bye. ^__^

17 novembre, 2005 04:48  
Blogger david t a écrit:

comme quoi, il n'y a rien comme une petite polémique pour générer des réponses. :)

coacho et sa locution: ah bien... et moi qui croyais... bon, alors... :)

de thuin, j'ai trouvé son livre sympathique, sans plus (je sais, c'est à contre-courant de ce que tout le monde en dit). navarro, j'ai lu une de ses histoires dans ferraille, c'est effectivement intriguant. quant à bigben, j'en ai entendu parler pour la première fois cette semaine, je feuilletterai à la prochaine occasion, ça m'intrigue aussi. merci pour les conseils. :)

yannick: je trouve cocasse que toi et philippe soyez choqués que j'aie revendu quelques albums de sfar. :) rassure-toi, j'ai gardé mes préférés. je trouve juste que ses livres commencent à se ressembler beaucoup. j'ai donc élagué. j'aime que ma modeste bibliothèque représente ce que j'aime et ce que je lis vraiment. je sais, c'est bizarre. j'ai une relation très particulière avec ma bibliothèque, il faudra que j'essaie d'expliquer tout ça un de ces quatre. cela dit, je n'ai encore lu aucun des carnets de sfar et on dirait que je manque quelque chose, au vu de ce que l'on en dit.

pour le reste, j'ai finalement lu les notes pour une histoire de guerre de gipi que j'ai trouvé bon (et osé dans le bon sens du terme). en fait, par une ironie amusante, j'ai acquis ce livre-là en partie en échange contre les sfar. eh non, ce n'était pas vraiment pour m'acheter des sandwiches. :)

pour finir: forest, j'en ai pas mal de ses livres, c'est un des auteurs les plus agréables à lire et à relire que je connaisse. tous ses albums chez casterman en particulier (l'hydragon, la jonque fantôme, et bien sûr ici même) sont superbes, et j'aime beaucoup aussi sa période science-fiction dont les naufragés du temps (avec gillon au dessin). mystérieuse matin midi et soir et n'importe quoi de cheval aussi sont très bien. évidemment, quand c'est lui-même qui dessine, c'est du bonbon. j'aime jusqu'aux phylactères de forest.

et quimby the mouse, c'est un must, aussi. :)

18 novembre, 2005 01:19  
Anonymous Anonyme a écrit:

David t,

Je vous remercie de parler de mon travail dans des termes qui, si je les ai jugés souvent piquants ou pas tous compréhensibles, me donnent à penser qu’ils ont été écrits sous l’emprise d’une certaine satisfaction. J’aimerais toutefois soulever quelques petites choses. La première est un malentendu qui a son importance : mon livre n’évoque aucunement, comme vous le répercuter sur votre blog, « l’Allemagne des années 30 ». Encore moins « la montée du nazisme ». Les 65 premières pages se situent au XIX siècle, et les 90 dernières, de 1901 à 1908. Il n’y a donc aucune « montée du nazisme » à chercher. La seconde chose est une erreur d’interprétation qui se lit dans votre phrase : « il s’évertuera à s’extirper de ses origines pour plaîre à ses maîtres allemands ». Les Allemands n’ont jamais été les maîtres des Juifs, que racontez-vous là ? Enfin, j’aimerais juste vous contredire quand vous affirmer que mes dialogues et mes citations ne forment pas le corps de mon livre. Je peux pourtant vous assurer qu’il sont bien pour moi le cœur-même de mon travail. Sans vouloir vous fâcher. Bien à vous. d.V.

20 novembre, 2005 04:35  
Blogger david t a écrit:

monsieur vandermeulen, c'est un plaisir de vous lire sur mon modeste blogue. vous aurez compris que votre livre m'a à la fois réjoui et fait passer un excellent moment de lecture. vous me voyez navré que j'aie laissé passé autant d'erreurs factuelles dans mon texte. il faut dire que celui-ci a été écrit "à chaud", sans avoir votre livre sous les yeux. par exemple, pour ce qui est des années 1930, il s'agit d'une bête erreur de ma part.

pour "la montée du nazisme" et "ses maîtres allemands", il s'agit peut-être de raccourcis mais j'ose espérer que je ne me suis pas complètement mépris sur ce que vous rapportez dans votre livre. j'ai quand même cru y voir, sinon la montée, du moins les prémisces du nazisme. l'expression "maîtres allemands" traduit aussi, peut-être maladroitement, mon impression quant au rapport de pouvoir entre juifs et non-juifs.

quant à ce qui forme le "corps" de votre livre, je voulais surtout dire que son appréciation n'est pas gâchée par certains aspects que j'ai sommairement décrits comme ses "défauts" (qui n'en sont donc pas vraiment). il va sans dire que dialogues et citations sont en eux-mêmes essentiels à l'appréciation de fritz haber.

pour le reste, je résumerai ma pensée en rapprochant une nouvelle fois votre ouvrage du louis riel de chester brown dont j'ai parlé ici.

20 novembre, 2005 23:51  
Anonymous Anonyme a écrit:

Modeste blogue, allons, allons, mon bon David, Internet ne connaît pas la modestie… Oh ! mais surtout ne vous justifiez pas, ce n’était certainement pas cela que j’attendais. Etre méprisé pour ses lectures est une chose naturelle et allant de soi, mais être aimé pour de mauvaises raisons est quelque chose de terrible que je n’assume pas encore très bien. Voici pourquoi, dans le doute, je me suis autorisé à vous replacer quelques pendules à l’heure. C’est une part de mon héros pédagogue qui prend de l’autorité sur ma personne, éh oui !
Je ne me suis pas encore décidé à lire ce livre de Chester Brown, il semble en effet très intéressant. J’éprouve de la difficulté à lire dans le texte et, comble de malheur, la récente facture de l’édition française me désole à un point que je n’arrive pas même à effleurer l’immonde objet. Que voulez-vous, à trop aimer les livres, des collections cherchant une ligne par trop distinctive peuvent devenir de véritables supplices pour le cœur et les yeux... Mais je vous donne ici une fausse raison, je lis désormais moins de dix bande dessinées par an. Vous m’excuserez, mais je fais court et ne réponds pas à toutes vos questions : j’ai un peu de mal quand il s’agit de m’exprimer sur la place publique – tiendriez-vous cette dernière pour modeste. Je préfère converser en privé ; on peut m’écrire via le site du livre. N’hésitez pas. Bien à vous. d.V.

21 novembre, 2005 06:27  
Anonymous Anonyme a écrit:

Pour continuer dans la pinaille, je ne vois pas bien quels sont ces films muets des années 30 ... Hormis Les lumières de la ville et les Temps modernes, je n'en connais pas (comme ça david est habillé pour l'hiver, d'autant qu'il fait frisquet à Montréal(c:)

Le dessin de Fritz Haber m’a fait songer au travail d’Alex Barbier.

26 novembre, 2005 12:50  
Blogger david t a écrit:

ma référence personnelle est le foolish wives de von stroheim mais finalement c'est un film de 1922, quelle honte! je ne vois vraiment pas d'où me vient cette fixation sur les années 1930, peut-être de krazy kat. bref, il ne faut jamais se fier à ce que je raconte, tenez-vous le pour dit. sinon, oui, j'ai moi aussi pensé à barbier pour le dessin.

28 novembre, 2005 05:28  

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06 novembre 2005

petite lecture symbolique de krazy kat

je suis noire et pourtant belle...
- cantique des cantiques


une nouvelle livraison de krazy & ignatz, qui plus est couvrant les années 1935-36, qui voient l'apparition des premiers sunday strips en couleur, est forcément une bonne occasion de reparler de l'oeuvre d'herriman. et en particulier des nombreux mystères qui restent à éclaircir autour d'elle...

à ce propos, un article de jeet heer (the kolors of krazy kat) placé en préface de ce volume se veut une réponse "définitive" (le mot est de l'éditeur) à la question de l'ethnie d'herriman. heer y défend la thèse de l'origine créole de l'auteur, se basant sur son fameux certificat de naissance qui classe le jeune herriman dans la catégorie des "colored" (ses parents, quant à eux, sont mulatto, c'est-à-dire mulâtres. on connaît la position des noirs dans la société américaine de l'époque.) l'auteur aurait, dit-on, passé sa vie à cacher cette origine, entre autres à l'aide d'un chapeau qu'il avait toujours sur le crâne, et qui cachait ses "drôles de cheveux" (kinky hair, selon le mot même d'herriman), ce qui expliquerait qu'il ait fallu si longtemps pour considérer sérieusement une généalogie africaine-américaine pour herriman.

l'article de heer, s'il n'apporte pas vraiment de preuves supplémentaires pour étayer cette thèse (qui au demeurant ne fait pas vraiment de doute), a surtout l'intérêt de démontrer comment cette appartenance à une zone grise qui n'est ni le monde des noirs, ni le monde des blancs, a pu influer sur l'oeuvre, ouverte et éclatée, d'herriman: on pense spontanément à krazy qui ne saura jamais se dire mâle ou femelle. cette démonstration permet en tout cas de dépasser le côté purement anecdotique de la question des origines ethniques de l'auteur (qui, nonobstant son potentiel sordide, n'a pas tellement d'importance a priori) pour proposer plutôt, exemples à l'appui, une piste de lecture supplémentaire. l'exposé de heer est convaincant, et forme sans doute le meilleur essai publié dans cette série jusqu'à maintenant.

au chapitre des objets perdus (et retrouvés), ce nouveau tome comprend un petit cahier séparé présentant des versions entièrement restaurées de trois strips parus dans le dernier volume, qui couvrait les années 1933-34 (j'en parle brièvement ici). cette initiative est d'autant plus louable qu'il s'agit, tout de même, de constituer une fois pour toute le corpus entier de krazy kat (du moins dans son édition dominicale). ainsi on peut imaginer qu'avec un peu de chance, tout ce qui manque encore puisse être retrouvé au cours des prochaines années, entre autres grâce au pouvoir fédérateur de la collection krazy & ignatz qui de par son existence incite collectionneurs et amateurs à se faire connaître et à contribuer, si besoin est, à l'édifice...

il existe un autre mystère, couramment évoqué, celui-ci autour des symboles utilisés par herriman pour "décorer" ses pages. ces symboles apparaissent dès les premières années du strip et, rapidement, se limitent à deux: le premier est une croix entourée d'un cercle, le deuxième un éclair stylisé.

à ce que l'on sache, herriman n'a donné aucune explication pour ces symboles récurrents. le moins que l'on puisse dire est que leur forme est très ancienne (voire, lâchons le mot, "primordiale"). à un certain moment, je leur avais trouvé quelques significations souterraines, disons, politiquement troublantes, mais je suis présentement incapable d'en trouver la référence. de toute façon, j'avais à l'époque plus ou moins esquivé le sujet en concluant à l'utilisation de ces symboles par herriman sans idée déterminée, simplement pour le plaisir de les dessiner. d'autres auteurs n'y voient d'ailleurs qu'une simple signature.

évidemment, la récurrence et la relative importance de ces deux symboles (à certaines époques, ils se trouvent tous deux systématiquement sur chaque sunday strip, souvent en gros et près du titre) ainsi que leur absence dans toutes les autres séries d'herriman, incite à y voir plus qu'une simple fantaisie d'artiste. mais doit-on nécessairement croire qu'il s'y cache une énigme?

pour le lecteur de krazy kat, une partie du plaisir vient du déchiffrage de l'accent pour le moins particulier du personnage titre. par exemple, lorsque krazy dit "toitil", l'auteur s'attend à ce que l'on comprenne "turtle". en général, herriman se fera fort de disposer des indices langagiers et/ou visuels. la tortue, dans notre exemple, répondra: "oh, i'm a very polite turtle". bien sûr, il y a d'autres moments où les indices sont plus abscons, et la déduction plus ardue. et il y a ces apostrophes, coiffant certains mots, certains noms, certains concepts, suggérant que ceux-ci ne soient pas vraiment ce qu'ils semblent être.

et puis, il y a aussi cette adresse au lecteur, souvent citée semble-t-il, qui clôt le strip du 17 juin 1917:

you have written truth, you friends of the "shadows", yet be not harsh with "krazy" -- he is but a "shadow" himself, caught in the web of this mortal skein. we call him "cat," we call him "crazy," yet he is neither. at some time will he ride away to you, people of the twilight. his password will be the echoes of a vesper bell, his coach, a zephyr from the west. forgive him, for you will understand him no better than we who linger on this side of the pale.


où je veux en venir? disons qu'il existe, dans krazy kat, une invitation permanente à résoudre le casse-tête ambiant.

or donc, supposons un moment que nos fameux symboles aient, après tout, une signification pour l'auteur, voire qu'ils constituent une clé, voire encore qu'ils permettent d'en saisir une profondeur cachée. une expression, peut-être, qui soit lisible par-delà les langues et les époques... nécessairement, il s'agira donc d'un contenu qu'on pourrait qualifier de spirituel. mais comme il s'agit d'art (et non pas, par exemple, de science atomique), cette qualification ne nous effraiera pas outre mesure.

heureusement, nous avons le dictionnaire des symboles de chevalier et gheerbrant qui nous ouvrira une brèche, et ainsi nous permettra de construire notre petite symbolique (de dilettante, il va sans dire).

commençons donc par l'éclair.

l'éclair est assez bien circonscrit par les auteurs du dictionnaire. signe ancien, il "symbolise l'étincelle de la vie et le pouvoir fertilisant". c'est la semence, le geste de création, possiblement divin. il est assez tentant de faire un parallèle avec la création, par herriman, du monde de coconino county, en évoquant un auteur dont l'univers est en tous points imperméable au reste du monde: clos, fonctionnel et complet.

notons rapidement qu'en fait d'éclair, celui d'herriman ressemble aussi à un point d'interrogation stylisé. ce détail a lui aussi une valeur de définition, il baptise l'éclair fécondateur: une naissance sous les auspices du mystère, si l'on veut... s'il existe un symbole qui signifie: "symbole", c'est peut-être bien celui-ci.

la croix dans un cercle ne donne pas, à première vue, de résultats aussi intéressants. ni l'entrée sur la croix, ni celle sur le cercle, ne semblent nous éclairer. d'abord, l'axe de la croix chez herriman n'est pas clair: s'agit-il d'un "+" ou d'un "x"? mais, que ce soit l'un ou l'autre, les significations proposées par chevalier et gheerbrant ne semblent pas satisfaisantes.

et si ce symbole représentait... une roue? une simple roue à quatre rayons (qui ne sont donc ni un "+", ni un "x")? cette hypothèse me semble plus que crédible. dans les strips plus récents, on notera même que le cercle est dessiné plus gras que les rayons, comme s'il s'agissait d'un pneu.

enfin. si c'est le cas, nous avons une concordance assez intéressante. le dictionnaire cite de champeaux et sterckx: la roue symbolise "les cycles, les recommencements, les renouvellements", elle est le symbole "de l'affranchissement des conditions de lieu, de l'état spirituel qui leur est corrélatif". elle représente aussi la terre dans ce qu'elle a de cyclique. la roue à quatre rayons est "l'expansion selon les quatre directions de l'espace", "le rythme quaternaire de la lune et des saisons."

lorsqu'on sait combien toute la dynamique de krazy kat est faire de variations sur une même idée de départ répétée à l'infini, on se dit que voilà bien un emblême approprié! de fait, pendant toute la durée du strip, les personnages ne changeront jamais de personnalité, leur relation restera toujours la même. voire: lorsqu'elle changera, ce sera exceptionnel, et selon une règle parallèle à la règle originale: par exemple, pendant quelques semaines, ce sera krazy qui jettera une brique à un ignatz éperdu. quand tout reviendra à la normale, aucun des personnages ne retiendra quoi que ce soit de cette entorse temporaire à l'état des choses.

cette symbolique, rapidement esquissée, nous offre déjà une lecture souterraine, une signature, non pas d'herriman le dessinateur, mais d'herriman le créateur, dans le sens (osons) cosmogonique du terme. bien sûr, d'autres auteurs ont fait des strips aux situations répétitives, aux personnages à la personnalité et aux réactions immuables. c'est même l'un des attributs majeurs de plusieurs écoles de la bande dessinée. mais herriman est sans doute le premier, et l'un des seuls, à avoir systématisé cette "astuce narrative" tout en dévoilant ce système.

de fait, ce qui est à première vue ingénieux dans krazy kat c'est la simplicité absolue du mécanisme (trois personnages interagissant toujours de la même façon entre eux), et le fait que ce mécanisme puisse être placé dans à peu près n'importe quelle situation arbitraire sans jamais se démonter. en plus de "mécanisme", on pourrait parler de moteur: dans certains strips, la relation krazy / ignatz / offisa pup est en arrière-plan, mais elle bat quand même la mesure: l'action en avant-plan peut avancer à n'importe quel rythme, elle peut aboutir ou pas, elle peut mener à quelque chose ou pas: tout est dans le moteur.

mais revenons à notre symbolique. les deux symboles vus jusqu'ici sont de nature hiéroglyphique. il serait intéressant d'examiner le contenu représentationnel des strips. (bref: les dessins.)

parmi ceux-ci on peut dégager assez rapidement plusieurs concepts, qu'on prendra pour ce qu'ils sont: des suggestions. le croissant de lune, souvent vu chez herriman, évoque, comme la roue, un cycle, avec l'idée de changement dans le cycle. le chat évoquera la mort, la couleur noire le chaos, qui rejoint bien sûr l'idée de génération spontanée, évoquée plus haut en d'autres mots. le concept de chaos est en outre bien illustré par les fameux changing backgrounds (les décors changeants) d'herriman.

mais le symbole le plus évocateur semble être le désert, un élément majeur du strip. watterson, entre autres, en dit ceci: "the land is really a character in the story". c'est dans le désert qu'herriman a choisi de placer sa mythologie (à l'opposé, par exemple, d'une forêt vierge, d'un pâturage, d'un village, etc.). et ici on citera encore le dictionnaire des symboles:

l'ambivalence du symbole [le désert] est éclatante, à partir de la seule image de la solitude: c'est la stérilité, sans dieu; c'est la fécondité, avec dieu, mais due à dieu seul.


en d'autres mots, le désert est un endroit éloigné de son créateur mais, en même temps, un endroit à l'unique merci de son créateur. c'est un endroit aride où rien ne vit par lui-même. sauf peut-être un certain moteur à trois temps, qui ronronne sans fin... jusqu'à ce qu'un éclair...

tout ceci nous semble juste jusqu'à un certain point, mais plus nous avançons et moins nous voyons de choses. par rapport à quoi le symbole est-il "juste"? jusqu'à quel point est-ce que tout ceci signifie quoi que ce soit? jusqu'à quel point est-ce ce que je "lis" est "là"? au fond, comment peut-on être sûr de la volonté de l'auteur? est-il même possible que celui-ci ait consciemment placé tous ces symboles sur notre route? ce serait douteux: s'ils formaient un système complètement articulé, ils auraient été décodés depuis longtemps.

alors qu'apprend-on ici que l'on ne savait pas déjà à la simple lecture? ah, voilà que l'ingénue félin continue à nous échapper, et nous entendons soudainement l'écho de l'avertissement d'herriman:

... forgive him, for you will understand him no better than we who linger on this side of the pale.


ça! nous étions avertis! au fait, nous l'étions depuis wittgenstein, qui conclut son tractatus en affirmant que certaines choses ne pouvaient être dites, seulement montrées. la forme décortiquée du symbole ne veut rien dire en soi. (encore du dictionnaire, une jolie citation de pierre emmanuel: "analyser intellectuellement un symbole, c'est peler un oignon pour trouver l'oignon.")

mais on voudra peut-être se réapproprier tous ces symboles mystérieux dont le sens n'est explicable que par leur seule évocation. se les réapproprier, car ils servent aussi à nous reconnaître entre nous. (nous? encore un symbole... celui de number 5, incidemment...)

et on relira krazy kat en évitant de s'encombrer d'une théorie symbolique quelconque. si ce n'est qu'avec peut-être une ou deux nouvelles idées derrière la tête.

1 commentaires:

Blogger david t a écrit:

encore quelques petites améliorations sur ce blogue, entre autres l'incorporation de toutes mes critiques postées jadis sur bdparadisio... et puis un index des oeuvres pour aider à digérer tout ça. en espérant le tout à la hauteur des attentes de mes deux estimés lecteurs.

11 novembre, 2005 01:55  

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01 novembre 2005

romans continus

j'étais arrivé vers la fin du 1er volume (au milieu de l'année 1988) du complete calvin & hobbes quand j'ai eu l'impression d'un génie que je ne soupçonnais pas dans l'oeuvre de watterson. c'est étrange à dire car j'avais l'impression de bien connaître ce strip, au point d'avoir développé une certaine distance face à lui. même que récemment, je me disais que c'était bien, son strip à watterson, mais que c'était quand même dommage qu'après avoir cessé calvin & hobbes, il ne se soit pas mis à faire du roman graphique, comme tout le monde...

le fait est que, quiconque n'a lu, voire feuilleté qu'un recueil ou deux de calvin & hobbes (peu importe la langue) connaît et comprend intimement la dynamique implacable de cette bande dessinée à propos d'un gamin de six ans et de son tigre de compagnon "imaginaire". le lire sur la longueur n'offre pas, a priori, de grande surprise: les motifs ne changent pas énormément, ils s'affinent et se déclinent d'une multitude de façons. watterson a la spectralité d'un mccay: il déploie les couleurs sans qu'aucune d'entre elles ne soit une signature.

mais cette relecture de watterson change la donne pour d'autres raisons. et pour le coup, le mot "nouvelles lectures" (telle l'aiguille d'une horloge morte qui, deux fois par jour, etc.) devient soudainement approprié: et si, calvin & hobbes, c'était un roman?

il y a quelque mois je parlais de "great american novel" à propos du complete peanuts, qui présente exactement les mêmes caractéristiques d'exhaustivité et de chronologie. c'était un peu à la blague; du moins, je n'y voyais qu'une lubie personnelle sans grande conséquence (personne ne pense à appeler peanuts un roman), bref, le truc parfait à écrire comme ça sur un blogue, pour le simple amusement de mes deux lecteurs (que je salue amicalement en passant).

il est moins controversé de parler de roman pour palomar, the heartbreak soup stories de gilbert hernandez. bien sûr, tant que la série des frères hernandez s'appelait love & rockets et qu'elle paraissait en fascicules de trente-quelque pages, on la considérait comme une excellente collection de nouvelles. mais lorsque nous avons cette même matière rassemblée en un volume de 500 pages, nous avons de toute évidence un roman, et qui plus est une oeuvre d'une cohérence mêlée à une ampleur rarement vue en bande dessinée, où chaque personnage, fût-il secondaire, naît, vit et meurt.

mais les heartbreak soup stories ont leur chronologie propre, avec un début, un milieu et une fin: leur transformation en roman épique semble par là plutôt naturelle (quoique). le cas des strips quotidiens est autre: leur chronologie interne n'obéit pas forcément au réalisme. calvin, par exemple, a six ans lorsqu'il entre à l'école en septembre, et il a six ans lorsque les vacances d'été arrivent. puis, à la rentrée suivante, lorsqu'il se remémore (pour le lecteur) les mauvais coups de l'année précédente, il ne fait pas référence bien sûr à son année à lui mais à la nôtre. lui a toujours, inexorablement, six ans. une année a bien passé, mais une nouvelle n'est pas venue la remplacer le premier janvier venu, comme dans little nemo.

de toute façon, on aurait tort de dire que, de par cette chronologie interne déficiente, le strip n'est en aucun cas du "roman". au contraire. simplement, cette chronologie est une convention comme une autre. pensons à schulz, qui fait apparaître certains personnages à l'état de bébé, les fait grandir, puis leur donne leur âge définitif, qui ne changera dès lors plus. toute la famille van pelt (lucy, linus et rerun) est apparue ainsi, ainsi que schroeder. les personnages anciens de la série (shermy, patty et violet) donnent l'impression d'avoir disparu tout simplement car schulz les avait fait trop vieillir; ils ont rejoint les adultes, à l'extérieur des cases. quand on y regarde de près, on voit que ce schéma est fort différent de celui de calvin & hobbes.

au fait, chaque auteur a sa chronologie propre. c'est une richesse qu'on ne retrouve que très peu en littérature écrite. frank king (gasoline alley) fait vieillir ses personnages avec les années. harold gray (little orphan annie) voyait à ce que chaque strip représente plus ou moins une journée vécue avec les protagonistes (la sunday page faisant office de résumé de la semaine passée). pourtant, annie ne grandira jamais. sauf que ça n'a aucune importance parce que l'auteur, lui, possède toujours un moyen de tisser son histoire, dans le sens large du terme, qui est la chronologie externe, c'est-à-dire sa chronologie et la nôtre, cette chronologie qui est représentée par la datation des strips. (19 septembre 1951: schroeder prononce son premier mot.)

mais, pour qu'il y ait roman, il faut bien qu'il y ait, à tout le moins, une gamme, un développement, une évolution: on ne voudrait surtout pas que d'honnêtes professeurs de bonne littérature française s'arrachent les cheveux à ce sujet. et c'est encore sur ce point que calvin & hobbes se chargera de nous impressionner: sur la durée, des détails qui nous semblaient anecdotiques nous révèlent finalement plus riches.

le cas de calvin est intéressant pour plusieurs raisons. d'abord parce qu'il n'existe pas beaucoup de héros aussi clairement (et ingénieusement!) schizophréniques dans la bande dessinée. on peut aussi voir dans l'oeuvre de watterson une variation sur dr jekyll & mr hyde. calvin ne fait pas que parler à hobbes, son tigre en peluche: il donne à celui-ci une personnalité propre, et les deux ne cesseront jamais de se chamailler. calvin ne fait pas de son tigre un second obéissant, au contraire! mais il voit forcément en lui un compagnon philosophique.

une relation plus subtile existe entre calvin et ses parents. ceux-ci se voient obligés d'accepter les frasques d'un fils souvent odieux, mais, s'ils ne cachent pas leur désarroi, font preuve d'une affection profonde envers lui, d'une sorte de pitié pour un gamin instable, incapable de se faire des amis, absolument réfractaire à l'éducation, mais cultivé et appliqué (son anglais est proper même lorsqu'il parle de crottes de nez), et fort imaginatif (le mot est faible!). sauf que les parents non plus n'invitent jamais d'amis à la maison: on ne les voit sortir qu'ensemble. et l'oncle de calvin, lorsqu'il visite le strip, laisse passer cette réflexion somme toute assez sobre: "sometimes, i think all my friends have been imaginary."

"whatever it is, it is what keeps me from strangling you right now", répond la mère de calvin que celui-ci avait tiré du lit au beau milieu de la nuit pour lui demander ce qu'est l'amour. et si quelqu'un, quelque part, avait vu que pour ce personnage sans amarres ni gestalt, c'était la dérive à coup sûr, une fois entré dans le monde des adultes? les parents de calvin peuvent bien espérer qu'un jour leur garnement vieillisse, mais... à quel prix? au point de perdre cette singulière liberté? au point d'abandonner l'ami hobbes? et si la solution avait été de laisser à calvin ses six ans pour toujours, ou du moins, pour la durée du strip?

et si calvin & hobbes était l'histoire d'un gamin qui, par amitié pour un tigre, refuse d'avoir sept ans?

4 commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit:

Salut d'un de tes 2 lecteurs :))
Je ne sais pas si, comme tu le penses, on peut voir Calvin et Hobbes comme un roman.
Mais ça me rassure de penser que l'intégrale peut être abordée autrement que comme une simple compilation exhaustive et indigeste.
Je verrai ça quand je l'aurai trouvé à un prix abordable en France.

01 novembre, 2005 14:37  
Blogger david t a écrit:

bonjour martin. la compilation est exhaustive, effectivement, mais la qualité du matériel ne fluctue pas beaucoup au fil des mois, c'est dense et tout est bon, avec certaines "continuités" particulièrement excellentes. mais il faut quand même prévoir quelques jours de lecture pour en venir à bout!

à mon sens, le prix du coffret (assez élevé) en vaut la peine même si j'aurais personnellement préféré des volumes vendus séparément, comme le complete peanuts.

pour l'aspect "roman", évidemment c'est une question ouverte, mais l'intégrale donne réellement la possibilité de considérer watterson comme auteur et pas seulement comme gagman (même talentueux).

02 novembre, 2005 00:33  
Anonymous Anonyme a écrit:

Est-ce que la lecture de l'intégrale ne finit pas par rendre l'humour assez lassant, voire répétitif ? Moi ça me fait déja ça à la lecture d'un seul album normal, ça m'amuse au début et puis finalement je m'ennuie (je pense que ça vient du format des strips en trois cases, on s'habitue trop à ce que la dernière case ne soit qu'on bonne réplique qu'à force cela finit par rendre les scènes assez identiques). A moins que tu ne lises Calvin et Hobbes pour autre chose que l'humour ?

08 novembre, 2005 06:09  
Blogger david t a écrit:

à la base, calvin & hobbes m'amuse quand même beaucoup, mais je crois que l'intégrale m'a permis d'y lire quelque chose de plus profond, au delà de l'humour et des bons mots des protagonistes principaux.

ça me semble être un cas de "la somme est plus grande que l'ensemble des parties". :)

au fait, cher anonyme, tu peux signer tes messages sans t'inscrire à blogger, simplement en cliquant "autre" (ou "other").

08 novembre, 2005 14:00  

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ce petit index (mis à jour aussi régulièrement que possible) est une référence alphabétique des oeuvres et auteurs mentionnés dans ce blogue. (également incluses sont des critiques initialement parues sur bdparadisio et "déménagées" sur ce blogue en novembre 2005.)

altan, ada dans la jungle (casterman, coll. "romans", 1982, traduit de l'italien): avril 2005

benoit (ted), berceuse électrique (casterman, coll. "romans", 1982): février 2003

bernard (fred), la tendresse des crocodiles, tome 1 des aventures de jeanne picquigny (le seuil, 2003): (octobre 2003)

bertoyas (jean-michel), princesse (les requins marteaux, coll. "comix", 2005): décembre 2005

blutch, vitesse moderne (dupuis, coll. "aire libre", 2002): novembre 2002

brown (chester), louis riel (drawn & quarterly, 2003, t.o. anglais): (octobre 2004)

bukulin (boris), l'aventure des opposants (l'association, coll. "côtelette", 2005): août 2005

casanave (daniel), macbeth, d'après l'oeuvre de william shakespeare (6 pieds sous terre, 2004): (septembre 2004)

clowes (daniel), david boring (pantheon, 2000, t.o. anglais): (novembre 2004)

david b, l'ombre de dieu, tome 1 des chercheurs de trésor (dargaud, coll. "poisson pilote", 2003): octobre 2003

david b et sfar (joann), urani (dargaud, coll. "poisson pilote", 2000): novembre 2002

deitch (kim et simon), the boulevard of broken dreams (pantheon, 2002, t.o. anglais): octobre 2005

deliège (paul) (sc.) et macherot (raymond) (d.), sibylline s'envole, tome 5 de sibylline (dupuis, 1975): octobre 2005

denis (jean-claude), quelques mois à l'amélie (dupuis, coll. "aire libre", 2002): octobre 2005

érasme, éloge de la folie (garnier, 1964): avril 2005

feiffer (jules), tantrum (fantagraphics, 1997, t.o. anglais): mars 2005

f'murrr, jehanne au pied du mur, suivi de tim galère (casterman, coll. "classiques", 2003): septembre 2003

forest (jean-claude), n'importe quoi de cheval (dargaud, 1974): avril 2005

forest (sc.) et tardi (jacques) (d.), ici même (casterman, coll. "classiques", 2003): (novembre 2004)

franquin (andré), les voleurs du marsupilami, tome 5 de spirou et fantasio (dupuis, 1975): février 2005, mai 2005

franquin, le nid des marsupilamis, tome 12 de spirou et fantasio (dupuis, 1967): mai 2005

giard (luc), les aventures de monsieur luc giard (mécanique générale, 2003): décembre 2005

giard, donut death (mécanique générale, 2005): avril 2005

giard, le pont du havre (mécanique générale, 2005): décembre 2005

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winshluss et cizo, monsieur ferraille (les requins marteaux, coll. "ferraille", 2001): avril 2003

yann (sc.) et bodart (denis) (d.), mai 68, tome 2 de célestin spéculoos (glénat, coll. "sale caractère", 1993): juillet 2002